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billets d'humeur, notes de lecture, réactions de spectatrice...

REGISTRES POLEMIQUE / SATIRIQUE ET IRONIE

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ARGUMENTATION AUX 17ème et 18ème SIECLES

 

Ironie

La difficulté est de savoir quand l’ironie est mise en œuvre : repérer les périphrases satiriques, les procédés de décalage (citation dans une intention critique, hyperboles, etc.), ou les effets de rupture (on met en contradiction le propos et le contexte). Les modalisateurs doivent être remarqués pour qu’on perçoive le ton ironique : il faut se demander quelle est l’intention de l’auteur.  Faut-il prendre son discours au pied de la lettre ou au contraire doit-on comprendre le contraire (cf. procédé de l'antiphrase) ?

EXERCICES

  1. L’antiphrase est un procédé consistant à faire comprendre le contraire de ce que l’on dit.

 

Dans les exemples suivants, soulignez chaque antiphrase et reformulez le message qu’il faut comprendre.

  1. Cherchant sa trousse à pharmacie, l’infirmière examina les résultats de leur empoignade et s’exclama : « Ah ! c’est du joli ! Vos parents vont être contents de vous retrouver dans cet état resplendissant ! »

Signification : _______________________________________________________________

  1. « Ne te presse surtout pas, tu pourrais arriver en avance ! ». Et en effet, il me restait à peine deux minutes pour attraper l’autobus.

Signification : _______________________________________________________________

  1. Cet élève a un sens de l’humour irrésistible… Dommage que personne ne le partage !

Signification : _______________________________________________________________

  1. Mes vacances furent merveilleuses : après avoir goûté aux joies de la noyade, j’ai connu l’extase de l’insolation.

Signification :  _______________________________________________________________

  1. Devant ces nappes de pétrole qui, inlassablement, rongeaient les côtes bretonnes, il se disait que l’automobile était vraiment une belle invention.

Signification :_______________________________________________________

 

2. Commentez les exemples d’ironie ci-dessous :

  1. « Il est certain que la Sécurité sociale se porterait mieux sans les malades ! »
  2. « Pangloss fut pendu, bien que ce ne fût pas la coutume. » (VOLTAIRE, Candide)
  3. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque. » (VOLTAIRE, Candide, chap. 5 consacré à la guerre)
  4. « J’aime tellement quand tu me prêtes de l’attention ! » dit une femme à son mari, captivé par le match de rugby.

 

3. Préparer un petit discours de 10 lignes dans lequel vous feindrez de soutenir l’une des thèses suivantes, en utilisant l’ironie dans votre argumentation :

a) « Quelqu’un qui ne comprend pas les mathématiques n’a aucune chance de réussir dans la vie. »

 

b) « Le travail, c’est la santé. »     

                                                

c) « Ceux qui travaillent plus, gagnent plus. »

 L'IRONIE

 

L’ironie consiste à faire comprendre au lecteur ou à son interlocuteur le contraire de ce que l’on dit (cf. l'antiphrase). Tout se passe comme si l’auteur prêtait sa voix à ses adversaires pour ridiculiser leur thèse . C’est un procédé argumentatif efficace à condition qu’on en repère les indices, sinon on commet un contresens.

Par exemple, MONTESQUIEU, feint d’approuver des idées odieuses (fondées sur la discrimination raciale notamment) pour mieux dénoncer la cruauté et l’ineptie des thèses esclavagistes (cf. « De l’esclavage des nègres »). Les procédés ironiques les plus courants sont l’antiphrase, la périphrase satirique, l’hyperbole, la gradation

L’ironie permet une distanciation, puisque comme son étymologie l’indique, elle équivaut à « l’action d’interroger en feignant l’ignorance » (gr. eirônia). Elle exige un esprit critique et nécessite une reformulation pour éviter les erreurs d’interprétation.

 

Dans les textes des 17ème et 18ème siècles, il n’est pas rare de rencontrer l’ironie :

LA FONTAINE donne ainsi sa vision du monde en mettant à distance des défauts humains, en faisant la satire de la tyrannie… De même, VOLTAIRE met en œuvre un ton ironique dans nombre de ses textes (contes philosophiques, articles de dictionnaire, etc.). Non seulement ces auteurs nouent un lien de connivence avec le lecteur, en plaçant de leur côté les rieurs, ce qui flatte l’intelligence du destinataire… Mais, en plus, ils formulent des idées critiques tout en se montrant prudents : il s’agit de déjouer la censure et de trouver le moyen de faire entendre son avis sans se mettre en danger. L’ironie permet plus ou moins d’avancer masqué…

Dans l’argumentation indirecte que représente l’apologue (ex : fable, conte philosophique…), on raconte souvent des aventures de manière simple ou enjouée, les personnages représentent des comportements humains ou sociaux (ce sont des personnages allégoriques). Ainsi, dans les fables, le lion incarne la majesté, le pouvoir, la royauté, mais aussi la tyrannie et l’arbitraire, la cruauté et la loi du plus fort ; le renard incarne la ruse, la courtisanerie, la flatterie, l’hypocrisie ; l’âne symbolise souvent la naïveté, voire la bêtise. La morale est donc tout autant implicite (à déduire du récit et des caractéristiques des personnages) qu’explicite : la moralité ressemble souvent à un proverbe, grâce au présent de vérité générale. Elle présente des règles de conduite, des conseils, la constatation d’une réalité décevante, de comportements injustes ou injustifiés…

 

EXERCICE : reproduisez ce tableau et complétez-le à l’aide des morales de fables suivantes :

« Trompeurs, c’est pour vous que j’écris : / Attendez-vous à la pareille. »

« Hélas ! on voit que de tout temps / Les petits ont pâti des sottises des grands. »

« Patience et longueur de temps / Font plus que force ni que rage. »

« En toute chose il faut considérer la fin. »

« Allez, vous êtes une ingrate : / Ne tombez jamais sous ma patte. »

« Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. »

« Et puis nous y pouvons apprendre / Que tel est pris qui croyait prendre. »

 

Règle de conduite

 

Mise en garde

 

Constatation d’une réalité injuste

 

MONTESQUIEU, De l'esclavage des Nègres

 

Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :

Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de terres.

Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.

Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête ; et ils ont le nez si écrasé, qu'il est presque impossible de les plaindre.

On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir.

Il est si naturel de penser que c'est la couleur qui constitue l'essence de l'humanité, que les peuples d'Asie, qui font des eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu'ils ont avec nous d'une manière plus marquée.

On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, était d'une si grande conséquence, qu'ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.

Une preuve que les nègres n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils font plus de cas d'un collier de verre que de l'or, qui chez des nations policées, est d'une si grande conséquence.

Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes, parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.

Des petits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Africains : car, si elle était telle qu'ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d'Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d'en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié.

Montesquieu

LES REGISTRES POLEMIQUE ET SATIRIQUE

Il arrive que le discours serve à combattre. Les registres polémique et satirique ont en commun d’utiliser les mots pour dénoncer l’attitude ou le discours d’autrui. Le satirique utilise plutôt l’arme de la moquerie pour ridiculiser la cible visée. Le polémique, plus grave et souvent véhément, cherche à réfuter l’argumentation contestée. A cette fin, le polémiste donne volontiers la parole à son adversaire.

 

 

REGISTRE POLEMIQUE

REGISTRE SATIRIQUE

L’énoncé polémique instaure une relation entre trois pôles : un adversaire qui est pris pour cible, un public (lecteur ou auditeur) dont on doit faire son allié, un locuteur qui mène l’offensive.

Le polémiste est donc partagé entre la recherche d’une stratégie persuasive efficace (pour toucher le destinataire) et une violence verbale qui bouscule les règles du discours argumentatif (pour attaquer l’adversaire).

 

Discours proche du polémique : discours engagé, qui s’attaque à une personne ou à un groupe, aux mœurs, aux institutions sociales, à la nature humaine… Mais il combat par la moquerie, qui le dispense de recourir à la rigueur argumentative.

 

Stratégie de réfutation : on vise à réfuter les idées adverses par une argumentation efficace. Souligner les articulations logiques du propos pour mieux convaincre, mettre en scène le discours adverse pour en faire ressortir les failles…

L’argumentation polémique cherche à rendre le destinataire complice en s’adaptant à ses valeurs et à ses attentes, en jouant sur l’implicite et sur l’affectivité.

 

Offensive violente : le polémiste n’hésite pas à s’attaquer à la personne de l’adversaire (par l’argument ad hominem notamment) et à donner de lui une image dégradante, quitte à pratiquer la mauvaise foi ou l’exagération…

Le registre polémique cultive la véhémence du combat verbal (attaque virulente). La parole polémique est une parole individualisée, qui laisse libre cours à l’expression de l’indignation et de la colère. Cette agressivité peut se manifester sous la forme de l’invective, du sarcasme ou de l’insinuation blessante.

 

Des valeurs de référence : le polémiste cherche à se mettre lui-même en scène sous un jour favorable : il incarne des valeurs positives (la raison, la justice, la vérité…).

L’argumentation polémique se fonde sur certains principes explicites ou implicites, parfois partagés par l’adversaire et qu’il faut revendiquer contre lui : les principes du christianisme pour PASCAL et ses ennemis les Jésuites dans Les Provinciales ; les principes surréalistes pour BRETON et ses anciens amis qu’il accuse de trahison dans le Second Manifeste du surréalisme…

Le polémiste défend ses convictions au nom de valeurs qu’il estime essentielles. Au 18ème siècle, les philosophes des Lumières mettent leur talent polémique au service des idées nouvelles. Au 19ème siècle, Victor HUGO dénonce la peine de mort au nom des droits de l’Homme.

Supériorité du satiriste : à la différence du polémiste solitaire qui doit faire effort pour convaincre, le satiriste prétend représenter a priori l’humanité raisonnable et sensée, le groupe social dont l’adversaire s’exclut de lui-même par son ridicule ou sa folie.

Il refuse donc le dialogue raisonné, rejette le discours adverse dans l’absurde. Son propos peut être violent et sarcastique, mais aussi d’une ironie plus tempérée.

 

Une visée morale actuelle : le registre satirique dénonce les mœurs et les vices de certains contemporains : il s’en prend aux mœurs d’une époque.

Aujourd’hui, le satirique se développe dans des genres mineurs, tels que les sketchs des chansonniers ou des humoristes, les journaux ou les émissions satiriques qui s’attaquent aux hommes politiques (ex : les Guignols de l’info).

 

 

HISTOIRE LITT.

La satire dans l’Antiquité désignait un poème descriptif ou narratif à visée morale (cf. Satires de JUVENAL).

Au 17ème siècle, les Satires de BOILEAU (écrites en vers), se moquent des défauts et des ridicules des coquettes, des vaniteux, des mauvais poètes…

Au 18ème siècle, la satire disparaît en tant que genre, mais le registre satirique nourrit la littérature des Lumières (en particulier les écrits de VOLTAIRE)

 

Le registre polémique se rencontre partout où s’exprime un débat passionné entre des points de vue violemment opposés, qu’il prenne une forme écrite ou orale. Il s’exprime de façon privilégiée dans l’essai ou dans le pamphlet, mais peut se rencontrer dans tous les genres (poésie, roman, théâtre, lettre…), ainsi que dans les discussions politiques, dans la presse et à la télévision.

Le satirique est aussi une forme de combat verbal, mais qui attaque une personne ou une thèse par le mépris et la dérision. On ne juge même pas nécessaire alors d’argumenter contre l’adversaire : le ridicule suffit à le condamner. Le film de P. Lecomte, intitulé « Ridicule » est tout à fait éloquent à ce sujet car il montre que « le ridicule tue » (dans le contexte de la cour du roi au 18ème siècle).

 

 

PROCEDES DE L’ECRITURE POLEMIQUE ET SATIRIQUE

 

On met en œuvre toutes les ressources de la rhétorique : on emprunte les procédés d’autres registres (comique, lyrique, épique, pathétique, fantastique…) pour mieux toucher la sensibilité du public.

 

Principales figures de style :

  • Images fortes et frappantes (comparaisons ou métaphores, personnifications…) : elles soutiennent l’argum° pour frapper l’imagin° du lecteur
  • Fig. d’opp° : elles traduisent les jugts de val. Manichéens du polémiste. Les antithèses opposent vigoureusement le bien et le mal, la vérité et le mensonge, etc. Les oxymores soulignent les contradictions de l’adversaire.
  • Fig. d’insistance : elles renforcent l’expressivité du discours (hyperboles, répétitions, anaphores, gradations)
  • Ironie fréquemment employée comme procédé de dévalorisation : antiphrases et hyperboles, périphrases polémiques ou satiriques, procédés de décalage (on cite pour tourner en dérision le propos adverse ; on parle sur un ton plaisant d’un sujet grave…).

 

Enonciation :

Le polémiste dramatise la situation d’énonc° Les adversaires st mis en scène grâce à ts les procédés d’interpell° (apostrophes, prosopopées, dialogue fictif, phrases exclam. / interrog.). Le polémiste cite les propos de son adversaire en les caricaturant pour en faire ressortir les erreurs ou les contradictions.

 

Le lexique : fortement péj. (dépréciatif, négatif) ou mélioratif (valorisant) selon qu’il s’applique à l’adversaire ou au locuteur et à ses alliés. Volontiers manichéen, il s’organise svt par jeux d’antonymes (bien ≠ mal ; vérité ≠ mensonge ; courage ≠ lâcheté…), soulignant les oppositions de valeurs.

 

Qu’est-ce qu’une épigramme ?

L’épigramme est le plus ancien genre littéraire. Au départ, c’est une simple inscription sur bronze, pierre, objet ou papyrus, puis avec le temps, elle possède un rythme, une assonance et une rime. Les premières épigrammes sont funéraires, ce sont en fait des épitaphes.

A présent, l’épigramme est une pièce de poésie à caractère satirique, philosophique ou lyrique dont les traits incontournables sont la brièveté et la concision. Ainsi, peut-on y assimiler tout court poème (avec au moins une rime) qui se termine par une pointe, une chute, une image ou une idée surprenante, une conclusion significative ou humoristique.

La contrainte de la forme dans l’art poétique n’est pas gratuite, inutile, superflue ou décorative seulement, mais est porteuse de sens.

Nous pouvons facilement distinguer trois genres d’épigrammes : satiriques, philosophiques et lyriques. Une épigramme présentée en prose n’est plus une épigramme, mais un aphorisme.

La célèbre épigramme suivante est due à Voltaire :

L’autre jour au fond d’un vallon,
Un serpent piqua Jean Fréron.
Que croyez-vous qu’il arriva ?
Ce fut le serpent qui creva.
 
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ecriture

EXERCICE : Quel est le registre dominant ?

 

TEXTE DE BOILEAU (Le Lutrin, I, 1674-1683)

 

C'est là que le prélat*, muni d'un déjeuner,

Dormant d'un léger somme, attendait le dîner.

La jeunesse en sa fleur brille sur son visage :

Son menton sur son sein descend à double étage ;

Et son corps, ramassé dans sa courte grosseur,

Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur.

 

Note : "le prélat" désigne un haut dignitaire de l'Eglise.

TEXTE DE DU BELLAY (Les Regrets, sonnet CL, 1558)

 

Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon œil
Ces vieux singes de cour, qui ne savent rien faire
Sinon en leur marcher les princes contrefaire
Et se vêtir, comme eux, d'un pompeux appareil.

Si leur maître se moque, ils feront le pareil,
S'il ment, ce ne sont eux qui diront du contraire,
Plutôt auront-ils vu, afin de lui complaire,
La lune en plein midi, à minuit le soleil.

Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage,
Ils le vont caresser, bien qu'ils crèvent de rage ;
S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt.

Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dépite,
C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,
Ils se prennent à rire, et ne savent pourquoi.

 

 

EXERCICE :

1. Relevez les composantes du portrait physique et moral du courtisan.

2. Repérez le jeu d'oppositions, précisez leurs fonctions.

3. Rédigez une analyse consacrée aux moyens et à l'efficacité du registre satirique.

EXERCICE SUR UN TEXTE DE VOLTAIRE :

EXTRAIT DE L'INGENU

L’ingénu, chapitre I 

 

  L’impitoyable bailli, qui ne pouvait réprimer sa fureur de questionner, poussa enfin la curiosité jusqu’à s’informer de quelle religion était monsieur le Huron ; s’il avait choisi la religion anglicane, ou la gallicane, ou la huguenote ? "Je suis de ma religion, dit-il, comme vous de la vôtre. - Hélas ! s’écria la Kerkabon, je vois bien que ces malheureux Anglais n’ont pas seulement songé à le baptiser. - Eh ! mon Dieu, disait mademoiselle de St. Yves, comment se peut-il que les Hurons ne soient pas catholiques ? Est-ce que les RR. PP. Jésuites ne les ont pas tous convertis ?" L’ Ingénu l’assura que dans son pays on ne convertissait personne ; que jamais un vrai Huron n’avait changé d’opinion, et que même il n’y avait point dans sa langue de terme qui signifiât inconstance. Ces derniers mots plurent extrêmement à mademoiselle de St. Yves. "Nous le baptiserons, nous le baptiserons, disait la Kerkabon à monsieur le prieur ; vous en aurez l’honneur, mon cher frère ; je veux absolument être sa marraine monsieur l’abbé de St. Yves le présentera sur les fonts ; ce sera une cérémonie bien brillante ; il en sera parlé dans toute la Basse-Bretagne, et cela nous fera un honneur infini." Toute la compagnie seconda la maîtresse de la maison ; tous les convives criaient : "Nous le baptiserons !" L’ Ingénu répondit qu’en Angleterre on laissait vivre les gens à leur fantaisie. Il témoigna que la proposition ne lui plaisait point du tout, et que la loi des Hurons valait pour le moins la loi des Bas- Bretons ; enfin il dit qu’il repartait le lendemain. On acheva de vider sa bouteille d’eau des Barbades, et chacun s’alla coucher. Quand on eut reconduit l’Ingénu dans sa chambre, mademoiselle de Kerkabon et son amie mademoiselle de St. Yves ne purent se tenir de regarder par le trou d’une large serrure pour voir comment dormait un Huron. Elles virent qu’il avait étendu la couverture du lit sur le plancher, et qu’il reposait dans la plus belle attitude du monde.

 

Ce texte de Voltaire a été publié en 1767, il relate une histoire se passant en 1689, soit juste après la révocation de l’Edit de Nantes. C’est un extrait de l'incipit (situation initiale). Une opposition se dessine clairement entre le héros (l'ingénu, fraîchement débarqué du pays des Hurons) et ses hôtes en Bretagne. Le Huron est le porte-parole de Voltaire puisqu'il incarne la raison, la tolérance et des convictions chères à la pensée des Lumières. 


Montrez que le philosophe des Lumières fait la satire des Bretons, de la religion et des femmes...

INCIPIT DU CONTE DE VOLTAIRE

(SCARMENTADO)

 

Texte à délimiter : du début jusqu’à « Saint-Pierre » 

 

 

Repérer les indices du ton ironique ou de la visée satirique.

 

Vous pouvez notamment vous aider des notes explicatives.

Trouvez des périphrases ironiques et analysez-les.

Signalez des expressions qui créent un décalage entre le ton et le fond (allure légère mais sujet grave)…

Donnez un exemple d’affirmation catégorique qui reflète l’intention morale du conteur.

 

EXCIPIT DU CONTE DE VOLTAIRE (SCARMENTADO)

 

Dans ce conte philosophique, Scarmentado1, comme beaucoup de jeunes Européens aisés de l’époque, effectue un voyage autour du monde et fait l’expérience de l’injustice. L’extrait suivant propose le dernier épisode et la clôture de l’œuvre.

   Il me restait de voir l’Afrique, pour jouir de toutes les douceurs de notre continent. Je la vis en effet. Mon vaisseau fut pris par des corsaires nègres2. Notre patron fit de grandes plaintes ; il leur demanda pourquoi ils violaient ainsi les lois des nations. Le capitaine nègre lui répondit : « Vous avez le nez long, et nous l’avons plat ; vos cheveux sont tout droits et notre laine est frisée ; vous avez la peau de couleur de cendre, et nous de couleur d’ébène3 ; par conséquent nous devons, par les lois sacrées de la nature, être toujours ennemis. Vous nous achetez aux foires de la côte de Guinée, comme des bêtes de somme4, pour nous faire travailler à je ne sais quel emploi aussi pénible que ridicule. Vous nous faites fouiller à coups de nerfs de bœuf5 dans des montagnes pour en tirer une espèce de terre jaune qui par elle-même n’est bonne à rien, et qui ne vaut pas, à beaucoup près, un bon oignon d’Égypte ; aussi quand nous vous rencontrons, et que nous sommes les plus forts, nous vous faisons esclaves, nous vous faisons labourer nos champs, ou nous vous coupons le nez et les oreilles6. » On n’avait rien à répliquer à un discours si sage. J’allai labourer le champ d’une vieille négresse, pour conserver mes oreilles et mon nez. On me racheta au bout d’un an. J’avais vu tout ce qu’il y a de beau, de bon et d’admirable sur la terre : je résolus de ne plus voir que mes pénates7. Je me mariai chez moi : je fus cocu, et je vis que c’était l’état le plus doux de la vie8.

Voltaire, Histoire des voyages de Scarmentado, écrite par lui-même, 1756.

 

1. Le nom du personnage est une combinaison de deux termes italiens, signifiant littéralement « maigre d’esprit ».

2. L’adjectif « nègre » était couramment employé pour désigner les populations d’Afrique.

3. L’ébène est un bois noir.

4. Animal utilisé à porter des charges.

5. Creuser sous les coups de fouet.

6. Couper les oreilles était une des sanctions prévues pour les esclaves fugitifs.

7. Expression métaphorique familière pour désigner la maison, le foyer.

8. Allusion à l’expression proverbiale « cocu et content ».

 

COMPARER DES TEXTES FOCALISES SUR LA QUESTION DE L'ESCLAVAGE : EXTRAITS DE SCARMENTADO (excipit), ZIMEO ET SANG NEGRIER

 

S'intéresser au choix du registre dominant : qui recourt au registre satirique ? au registre pathétique ? au registre fantastique ?

 

TEXTE DE SAINT-LAMBERT : EXTRAIT DE ZIMEO

Dans ce passage du conte philosophique, Ziméo raconte comment il a été fait esclave et les événements horribles qu’il a vécus, notamment son voyage sur un navire négrier1.

Il y avait plus d’un mois que nous étions en mer, les vents étaient faibles et notre course était lente ; enfin, les vents nous manquèrent absolument. Depuis quelques jours, les Portugais ne nous donnaient de vivres que ce qu’il en fallait pour nous empêcher de mourir.

Deux Nègres déterminés à la mort2 s’étaient refusé toute espèce de nourriture, et ils nous faisaient passer, en secret, le pain et les dattes qu’on leur donnait : je les cachais avec soin dans l’intention de les employer à conserver les jours d’Ellaroé3.

Le calme continuait : les mers sans vagues, sans ondes, sans flots, présentaient une surface immense et immobile où notre vaisseau semblait attaché. L’air était aussi tranquille que les eaux. Le soleil et les étoiles, dans leur marche paisible et rapide, n’interrompaient pas ce profond repos qui régnait dans le ciel et sur les mers. Nous portions sans cesse les yeux sur cet espace uniforme et sans rives, terminé par la voûte du ciel, qui semblait nous enfermer dans un vaste tombeau. Quelquefois nous prenions les ondulations de la lumière pour un mouvement des eaux ; mais cette erreur était de courte durée. Quelquefois en nous promenant sur le tillac4, nous reprenions pour du vent l’agitation que nous imprimions à l’air ; mais à peine avions-nous suspendu nos pas, que nous nous retrouvions environnés du calme universel.

Bientôt nos tyrans réservèrent pour eux le peu qui restait de vivres, et ordonnèrent qu’une partie des Noirs serait la pâture5 de l’autre.

Je ne puis vous dire si cette loi si digne des hommes de votre race, me fit plus d’horreur que la manière dont elle fut reçue. Je lisais sur tous les visages une joie avide6, une terreur sombre, une espérance barbare ; je les voyais, ces malheureux compagnons d’un même esclavage, s’observer avec une attention vorace et des yeux de tigres.

Les premières victimes furent choisies dans le nombre de ceux que la faim avait le plus accablés : c’était deux jeunes filles du village d’Onébo. J’entends encore les cris de ces infortunées ; je vois encore les larmes couler sur les visages de leurs compagnes affamées qui les dévoraient.

                                                                                         Saint-Lambert, Ziméo, 1769.

 

 

1. Navire affrété pour la traite des Noirs, c’est-à-dire le commerce des esclaves d’Afrique.

2. Résolus à mourir.

3. Compagne de Ziméo.

4. Pont supérieur d’un navire.

5. Nourriture que l’on donne aux animaux.

6. Envieuse et immodérée.

 

 

 

 

TEXTE DE LAURENT GAUDE (auteur contemporain) : extrait de sang negrier

 

La nouvelle présente le récit d’un capitaine de navire négrier. Ce dernier raconte l’événement qui a fait basculer sa vie et l’a rendu fou. Lors d’une escale à Saint-Malo, cinq esclaves s’enfuient du navire… Après la mort de l’un d’entre eux, qui se jette d’une muraille, une chasse à l’homme s’organise avec l’aide des habitants pour rattraper les quatre derniers fugitifs.

 

Nous avons arpenté les rues avec nos torches. Le bruit de nos sabots sur les pavés résonnait avec le son sévère de l’autorité. La ville se mit à grouiller de plusieurs rumeurs. On en avait vu un près de la porte Saint-Louis. Un autre sur les toits du marché couvert. C’étaient des géants aux dents qui brillaient dans la nuit.

Même nous qui connaissions ces nègres pour les avoir eus sous nos pieds pendant trois semaines de traversée, même nous qui savions qu’ils n’avaient rien de géants mais étaient secs et épuisés comme des fauves en captivité, nous laissions dire. Les hommes avaient besoin de cela. Il fallait que croisse1 la démence2 pour que nous sortions de nous-mêmes.

Le premier fut abattu une heure à peine après le début du couvre-feu. Le coup de mousquet3 fit sursauter les rats des ruelles. Il avait été trouvé face au Grand-Bé4, sur le point de traverser à la nage pour fuir la ville. De toute façon, il se serait noyé, mais on lui tira dans le dos puis on le ramena jusque devant la cathédrale pour que chacun puisse voir à quoi ressemblaient ces nègres.

Plus tard, un autre fut bastonnépar des paysans qui le trouvèrent recroquevillé dans un coin de la rue de la Pie-qui-Boit. Il avait dû faire une chute car il ne bougeait plus. La cheville fracturée, peut-être. Les gardes se jetèrent sur lui avec jubilation6 et lui brisèrent les os sans qu’il eût le temps de râler sur le pavé.

Le troisième, je le ramenai vivant moi-même. Je le trouvai dans la cave d’un tonnelier7, terrorisé et tremblant de faim, je le traînai par les cheveux jusqu’à la place de la cathédrale, je le montrai à la foule, je le forçai à s’agenouiller et je lui tranchai la gorge. Nous avons aimé ce spectacle. Chacun de nous a ressenti au plus profond de lui que c’était ce qu’il fallait faire cette nuit : tenir la bête à ses pieds et l’immoler.

Aujourd’hui que j’y repense, je mesure combien nous étions loin de nous-mêmes. J’aurais dû tout faire pour garder ce nègre vivant. J’avais fait le plus difficile. Je n’avais plus qu’à le ramener au navire et à le plonger à fond de cale avec ses congénères. J’en aurais tiré un bon prix. Mais non. Cette nuit-là, il fallait du sang. À moins qu’au fond, ce ne soit le contraire. À moins, oui, que nous n’ayons jamais été aussi proches de nous-mêmes que cette nuit-là, acceptant pour un temps les grondements de notre être comme seul souverain.

La décapitation du nègre souleva une vague de folie. Tout le monde savait qu’il n’en restait plus qu’un et chacun voulait être celui qui l’attraperait. À l’instant où le corps du supplicié tomba à mes pieds mollement, comme un sac vide qui vient soupirer au sol, un cri lointain monta des toits de la ville. C’était lui, là-bas, le dernier nègre échappé, qui appelait. Il devait se préparer au combat, invoquer les esprits de son peuple ou nous maudire. C’était lui le dernier nègre, là-bas, qui nous défiait.

 

                                                                               Laurent Gaudé, Sang négrier, 2006.

 

1. Qu’augmente. 2. Folie. 3. Arme à feu. 4. Île très proche de Saint-Malo, sur laquelle avait été bâti un fort.

5. Roué de coups de bâtons. 6. Joie avide. 7. Artisan qui fabrique et répare des tonneaux.

 

METHODOLOGIE                 

REDIGER UN PARAGRAPHE D’ANALYSE

TEXTE-SUPPORT : Ziméo de Saint-Lambert

 

Exercice à partir des procédés permettant de nommer les Blancs dans le texte où Ziméo relate la scène de séparation avec Ellaroé

 

Voici le début du § proposé :

Ziméo parle une seule fois des « Blancs » par opposition aux noirs, c’est une manière de rappeler à ses interlocuteurs (Wilmouth et Filmer entre autres, en compagnie des esclaves de Wilmouth), que cette distinction de couleur a été établie par les Européens pour justifier la traite négrière. Wilmouth et Filmer (quakers philanthropes) sont considérés comme des exceptions parmi les « Blancs », car Ziméo n’a connu que des mauvais traitements dès le départ. Aussi nomme-t-il les Européens à l’aide de plusieurs périphrases dévalorisantes, qui donnent une image très inquiétante des Blancs. En effet, on relève d’abord la périphrase « des monstres qui nous séparaient », qui accentue l’inhumanité des Européens, insensibles aux supplications d’Ellaroé et de son père. Le pronom « on » permet ensuite de désigner ces hommes implacables, l’indéfini souligne l’uniformité de ce groupe d'individus qui organisent le commerce triangulaire : « On ne daigna pas nous entendre ». Cette phrase brève met l’accent sur l’opposition entre ce « on » (groupe des Européens sans identité propre, sans psychologie individuelle) et le « nous » renvoyant à Ellaroé et Ziméo. Le camp des Européens est marqué par la volonté de séparer, quitte à exercer de la violence : « on voulut m’entraîner ». La périphrase « mes bourreaux » contribue à faire ressortir la réaction mécanique de ces hommes de main : ils ne sont que des exécutants, ils font ce qui leur a été ordonné, sans état d’âme, alors qu’ils voient bien qu’ils séparent deux êtres qui s’aiment. La force de résistance des amoureux provoque un regain d’énergie et les blancs ne sont plus que réduits à « plusieurs mains cruelles ». Désormais, la synecdoque qui désigne les personnes par une partie de leur corps, opère un gros plan sur l’acte de violence subi par Ziméo et sa compagne : on adopte le point de vue interne des victimes, dont le champ de vision se réduit à celui des « mains » qui s’abattent sur leur couple pour le désunir. La loi du nombre anéantit le couple et les Blancs réussissent à emporter Ziméo sur un autre bateau. Ses nouveaux « bourreaux » seront appelés « nouveaux tyrans », nom qui amplifie l’idée de l’oppression exercée par ces Européens. Finalement, grâce à ces appellations très dépréciatives et polémiques, Ziméo fait comprendre à quel point deux camps étaient en opposition : celui des victimes innocentes (noires) et celui des horribles négriers, prêts à tout pour continuer leur commerce humain. Ces périphrases et la synecdoque contribuent à ébranler les interlocuteurs (blancs en particulier), qui doivent mesurer à quel point la traite négrière déshumanise non seulement les esclaves ravalés à l’état d’instruments de travail et moins bien considérés que des animaux, mais aussi les esclavagistes, poussés à se conduire comme des barbares, des êtres sans cœur et dénués de tout libre-arbitre, simples rouages d’un système terrible.

 

 

METHODOLOGIE                       

 

REDIGER UN § D’ANALYSE

 

          TEXTE-SUPPORT : Ziméo de Saint-Lambert (scène de séparation)

 

Exercice réalisé à partir des procédés permettant de nommer les Blancs dans le texte où Ziméo relate la scène de séparation avec Ellaroé.

Le travail de repérage effectué en classe avait permis de distinguer plusieurs procédés :

L’emploi du pronom indéfini « on » qui uniformise et gomme les distinctions entre les hommes blancs, comme s’ils se comportaient tous comme un seul homme, en l’occurrence barbare ;

Le recours à des périphrases très dévalorisantes et subjectives marquant une condamnation des blancs par Ziméo : « tyran », « bourreaux » ;

la synecdoque « plusieurs mains cruelles » qui fait image en opérant une sorte de « zoom » sur les mains des Européens à bord du navire : les négriers agissent en groupe et tombent sur Ziméo pour l’arracher à Ellaroé. L’effet produit est de nous transmettre la vision fragmentée et subjective de Ziméo, relatant ce souvenir vivace et traumatisant de la scène de séparation.

 

ATTENTION A LA METHODE ! le paragraphe de commentaire doit être structuré très rigoureusement :

  • Phrase introductive (proposée ici : c’est l’idée directrice du §)
  • Idées / exemples (citations à insérer) : citer le pronom « on », les périphrases et la synecdoque utilisées par Saint-Lambert pour désigner les blancs qui organisent le commerce triangulaire. Ne pas oublier la situation de communication : Ziméo raconte son histoire personnelle à Wilmouth et Filmer. Ce n’est donc pas anodin de choisir des périphrases subjectives très dépréciatives pour évoquer les Européens… On a une vision manichéenne : les blancs sont les méchants (étant donné qu’ils trompent les noirs pour les soumettre en esclavage et ne sont mus que par la cupidité, en outre ils ne reculent devant aucune violence pour parvenir à leurs fins) tandis que les noirs sont les victimes innocentes.
  • Explications et analyses à proposer : déduire des effets de sens produits par le choix de telle expression ou de telle figure de style. Par exemple, nous savons que la synecdoque donne du réel une vision fragmentée. Ici, Ziméo est aux mains des blancs qui cherchent à le séparer d’Ellaroé, mais l’intensité de leur amour les maintient fortement liés, aussi un groupe d’hommes doit intervenir massivement pour capturer Ziméo et le transporter ailleurs. Or Ziméo dans sa rage de résister à la séparation ne voit plus que des « mains cruelles » s’abattre sur lui. La synecdoque contribue alors à nous placer du point de vue interne du héros. Le lecteur (et auditeur de Ziméo) est touché par ce rapport de force très injuste.
  • Phrase conclusive, approfondissant la lecture du texte : l’examen de tous ces procédés (pronoms et substituts pour nommer les Européens) a permis de mettre en lumière l’inhumanité au cœur du système esclavagiste (les uns deviennent les bourreaux, les tortionnaires, ils réduisent les autres à un statut de chose, ils leur font perdre toute dignité et ne leur reconnaissent pas de nature humaine).

 

 

PROPOSITIONS D’ELEVES DE 2nde 11 A COMMENTER :

Observez si les parties du § d’analyse sont respectées (phrase introductive – idée 1 + citation 1 bien insérée + analyse – idée 2 + citation 2 bien intégrée + analyse  etc. – phrase conclusive creusant la lecture du texte à partir de ces manières de nommer les Européens).

Repérez les défauts : répétitions ; parties hors sujet…

Repérez les qualités : respect des étapes du § ; bonne insertion des citations ; analyses… et phrase conclusive.

 

1. Ziméo parle une seule fois des Blancs par opposition aux noirs : c’est une manière de rappeler à ses interlocuteurs qu’il y a de la discrimination envers les noirs. L’auteur utilise des périphrases pour nommer les blancs : « monstres », « mes bourreaux », « mains cruelles ». Il utilise ces périphrases pour montrer la cruauté des blancs. Il utilise aussi le pronom « on » pour dire que les blancs restent des humains. L’auteur caractérise les esclavagistes comme des monstres. L’auteur utilise aussi des termes hyperboliques comme « les larmes inondaient mon visage » pour montrer à quel point les nègres souffrent. Des antithèses sont aussi utilisées comme « souffrir » puis « je résistais à tout » pour montrer que les esclaves ne vont pas abandonner et résister.

2. Ziméo parle une seule fois des Blancs par opposition aux noirs : c’est une manière de rappeler à ses interlocuteurs, l’infériorité qu’il leur porte. Ziméo a eu recours à plusieurs termes péjoratifs envers les esclavagistes, on devine qu’il ne les porte pas dans son cœur (l. 7) : « plusieurs mains cruelles  firent de vains efforts pour nous détacher ». Ligne 1 « des monstres qui nous séparaient » Ziméo a recours à un terme hyperbolique, on constate l’exagération dans ces termes lorsqu’il les caractérise de « monstres ».

Les esclavagistes sont qualifiés de « tyrans » et de « bourreaux » (l. 17 et l. 4) : « Mes nouveaux tyrans employèrent d’abord les menaces » ; « je me dérobai à mes bourreaux ». Les mots employés par Ziméo définissent les « Blancs » comme des êtres supérieurs et méchants.

3. Ziméo parle une seule fois des Blancs par opposition aux noirs : c’est une manière de rappeler à ses interlocuteurs que ces personnages les traitent mal. Pour les nommer, le narrateur utilise différentes façons : les périphrases comme « des monstres qui nous séparaient » ou « plusieurs mains cruelles ». Il utilise aussi des groupes nominaux comme « mes bourreaux » ou « mes nouveaux tyrans ». Enfin, il utilise des pronoms : « on ne daigna », « on voulut m’entraîner ». La plupart de ces façons de désigner les Européens sont péjoratives et dévalorisent les « Blancs ». Par exemple « monstre » est un terme hyperbolique pour désigner la cruauté des esclavagistes.

4. Ziméo parle une seule fois des Blancs par opposition aux noirs : c’est une manière de rappeler à ses interlocuteurs que Ziméo a une sorte de haine contre les blancs qui ont fait du mal à leurs anciens esclaves. Ziméo trouvait ça inadmissible que les blancs fassent souffrir les noirs. Du coup, il a voulu se venger et faire comprendre ce qu’ils ont ressenti, les noirs, quand ils étaient esclaves. Il a utilisé les périphrases pour mieux faire comprendre et produire plus d’impact sur le lecteur. Ziméo veut dévaloriser les blancs à sa façon de nommer les blancs comme « mains cruelles » ou bien « des monstres », mais encore « mes nouveaux tyrans ».

5. Ziméo parle une seule fois des Blancs par opposition aux noirs : c’est une manière de rappeler à ses interlocuteurs la cruauté des blancs, il les nomme d’une autre façon « bourreaux », « on », « monstres »… « Je me dérobai à mes bourreaux », le narrateur veut montrer que Ziméo est attrapé par les blancs et que ce sont ses esclavagistes blancs. Puis il utilise beaucoup de « on » pour désigner les blancs pour dire que les blancs sont tous contre lui et qu’ils forment une unité. Il utilise des adjectifs qualificatifs : cruelles, monstres, bourreaux… « des monstres qui nous séparaient » c’est une périphrase, les monstres sont les blancs qui séparent Ziméo et Ellaroé. Il utilise une synecdoque « plusieurs mains cruelles » ce ne sont pas les mains mais les blancs qui sont cruelles.

6. Ziméo parle seulement une fois « des monstres » (les blancs) par opposition aux noirs : c’est une manière de montrer à ses destinataires la méchanceté « des monstres » (les blancs). Il les appelle de plusieurs façons :

  • Les monstres
  • On
  • Les bourreaux « (je me dérobai à mes bourreaux) »

Le narrateur essaye de montrer que Ziméo est capturé par les blancs d’une manière sauvage. « Les monstres qui nous séparaient » C’est une périphrase. Le Narrateur utilise énormément de « on » pour désigner les blancs.

7. Ziméo parle seulement une fois « des monstres » (les blancs) par opposition aux noirs : c’est une manière de rappeler à ses interlocuteurs la différence de couleur que les blancs et les noirs ne sont pas traités de la même manière vu que les noirs sont des esclaves. Ziméo utilise « des monstres » pour parler des négriers : « mon épouse et son père se jetèrent aux pieds des monstres ». C’est une métaphore renforçant la terreur qu’éprouvent les noirs à la vue de leurs esclavagistes, le terme « monstres » est péjoratif, il montre que les blancs n’ont aucune pitié. Il utilise le pronom « on » : « on ne daigna pas nous entendre », il faisait référence aux blancs mais aussi à tous ceux qui étaient autour d’eux. Il emploie ensuite le nom « bourreaux », le terme « bourreaux » est négatif, il veut mettre l’accent sur la cruauté des esclavagistes. Ziméo utilise après la synecdoque « mains cruelles » pour créer un effet de zoom.

8. Ziméo parle seulement une fois « des monstres » (les blancs) par opposition aux noirs : c’est une manière de rappeler à ses interlocuteurs qu’il y a un véritable fossé entre les esclavagistes et les esclaves. En premier lieu, Ziméo nomme les esclavagistes des « monstres » (l. 466). Cette métaphore démontre qu’aux yeux de Ziméo les Européens n’ont aucune pitié et n’ont aucune parcelle d’humanité. De plus, il les appelle « mes bourreaux » (l. 470), ce qui caractérise le fait qu’ils n’ont aucun jugement sur les conséquences de leurs actes et qu’ils ne font pas preuve d’un quelconque sens moral ou critique. La majeure partie du lexique utilisé pour définir les blancs est péjorative, je dirais même dévalorisante. En effet, la synecdoque (l. 474) « plusieurs mains cruelles » démontre par l’emploi de l’adjectif qualificatif « cruelles » que les esclavagistes n’ont aucune sensibilité envers leurs esclaves. Cet attribut qui définit l’état d’esprit des colons montre que ces derniers aiment faire du mal à leurs esclaves. C’est pourquoi cela pousse Ziméo à utiliser le terme : « Mes nouveaux tyrans » (l. 492). Cette périphrase a une consonance hyperbolique car elle exprime d’une part l’habitude d’avoir des maîtres et d’autre part qu’ils soient tous sans foi ni loi. Mais d’après le lexique employé par l’auteur on constate néanmoins qu’il fait une certaine distinction pour définir les esclavagistes qui traitent bien leurs esclaves tels que Wilmouth. Il les nomme avec des mots neutres et non dévalorisants : « les Blancs ». Ainsi, cela nous prouve que l’auteur condamne les façons barbares de traiter les esclaves mais semble accepter l’idée qu’il y ait un esclavage où le maître se comporte bien avec ses esclaves.

9. Ziméo parle seulement une fois « des monstres » (les blancs) par opposition aux noirs : c’est une manière de rappeler à ses interlocuteurs la cruauté des Européens. Le fait d’utiliser le substitut péjoratif « monstres » est une manière de montrer leurs comportements inhumains. Ce terme est donc un terme hyperbolique utilisé de manière réfléchie pour démontrer la gravité des actes des Européens. Ce n’est pas le seul mot utilisé par Ziméo pour qualifier les Européens. A la 4ème ligne, Ziméo utilise le nom « bourreaux » pour les caractériser. Cela montre que les Européens leur infligent des peines corporelles et sont très violents avec eux. Cette violence est administrée par « les mains cruelles ». Ziméo utilise donc cette synecdoque avec le mot « mains » pour parler des Européens. La violence étant souvent donnée par les mêmes, cette synecdoque appuie sur la violence des Européens. L’adjectif « cruelles » est une manière de montrer la souffrance que ressent Ziméo. Si les termes utilisés auparavant se concentraient sur la cruauté des esclavagistes aucun moment il n’est clairement dit qu’ils sont européens. Seul l’adjectif « blancs » utilisé comme substitut permet de comprendre que les « monstres » de Ziméo sont les Européens. Le dernier nom donné aux Européens est « Mes nouveaux tyrans ». Le terme « tyrans » renvoie encore une fois à l’incroyable méchanceté des Européens. L’adjectif « nouveaux » est là pour montrer que Ziméo a affaire à des nouveaux Européens. On en conclut alors que tous les Européens sont cruels et inhumains d’après Ziméo.

10. Ziméo parle seulement une fois « des monstres » (les blancs) par opposition aux noirs : c’est une manière de rappeler à ses interlocuteurs que l’esclavage est illégitime et qu’il ne peut pas se baser sur la couleur de peau et les préjugés. Ziméo utilise de nombreuses périphrases dévalorisantes pour caractériser les Blancs. En sachant qu’il allait être séparé d’Ellaroé, Ziméo implore la pitié « des monstres ». Il met en avant l’inhumanité des blancs qui sont insensibles devant le chagrin ressenti par Ziméo. Il parle ensuite de « [ses] bourreaux » qui désignent les Blancs qui l’ont condamné à être loin de sa bien-aimée. Ils ont tout simplement enlevé l’unique personne qui donnait un sens à la vie de Ziméo. Cependant, Ziméo arrive à se dérober à ses bourreaux et enlacer Ellaroé mais « plusieurs mains cruelles » séparent à nouveau le couple. Cette fois-ci, Ziméo fait appel à une synecdoque pour nommer les Blancs et surtout leurs mains indésirables qui séparent les deux amoureux. De bien des manières Ziméo qualifie les Blancs mais la plupart du temps il les nomme d’une façon imprécise, par le pronom indéfini « on ». De cette manière, il fait des Blancs esclavagistes une généralité et démontre la fraternité entre Blancs. La dernière périphrase désignant les Blancs est « mes tyrans ». Ces mots soulignent l’extrême violence et les tortures pratiquées par les Blancs pour que les noirs obéissent. Ziméo consentait à devenir esclave s’il pouvait rester auprès d’Ellaroé. Malheureusement, les décisions prises par les Blancs l’ont non seulement laissé désemparé mais rendu fou de rage. C’est alors qu’il est  abattu que son humanité disparaît pour faire apparaître haine et vengeance envers les Blancs.

 

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C
Merci pour cet article très complet. J'ai longtemps cherché des exemples de textes, j'en ai trouvé quelques un ici www.communotext.com si ca peut aider...
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